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23 avril 2018

KUMARI DEVI : une déesse vivante

LE NÉPAL CÉLÈBRE TRISHNA SHAKYA, 3 ANS ET NOUVELLE «DÉESSE VIVANTE»

Kumari

Par Le Parisien avec AFP, 30 septembre 2017 | 12h20 

Au Népal, une fillette de 3 ans a été choisie pour devenir «Kumari»,l'incarnation de la déesse hindoue Taleju.

Des prêtres hindous ont intronisé jeudi une fillette népalaise de trois ans nouvelle «déesse vivante» de Katmandou, selon une tradition multiséculaire, et l'ont emmenée dans un palais où elle devra rester jusqu'à sa puberté. Vêtue d'une robe rouge, la nouvelle «Kumari» - considérée comme l'incarnation de la déesse hindoue Taleju - a été emmenée de la maison de sa famille jusqu'au Durbar Square, place historique de Katmandou qui porte encore les cicatrices du séisme de 2015.

Dans les bras de son père, Trishna Shakya a été portée à la résidence où elle restera cloîtrée jusqu'à ses premières règles. Elle ne pourra en sortir que quelques fois par an à l'occasion de fêtes religieuses - et toujours portée, car ses pieds ne doivent pas fouler le sol impur.

«Mes sentiments sont partagés. Ma fille est devenue la nouvelle Kumari et c'est une bonne chose. Mais il y a aussi de la tristesse à savoir qu'elle va être séparée de nous», a déclaré son père Bijaya Ratna Shakya.

Cette tradition multiséculaire, qui mélange éléments hindous et bouddhistes, était étroitement liée à la royauté qui a longtemps régné sur le Népal. Malgré l'abolition de la monarchie en 2008, le culte des Kumaris (mot provenant du sanskrit pour «princesse») a continué. Les défenseurs des droits des enfants sont très critiques vis-à-vis de cette coutume, qui prive selon eux les «déesses vivantes» d'enfance en les forçant à vivre coupées de la société.

En 2008, la Cour suprême du Népal a décrété que ces filles devaient recevoir une éducation, qui leur est désormais prodiguée à l'intérieur du palais. Les anciennes Kumaris ont témoigné des difficultés de réadaptation à la société après leur règne.

 Les Kumaris, filles prépubères de la communauté Newar, doivent répondre à de stricts critères, notamment physiques, comme un corps sans imperfection. Même si une fille remplit toutes les exigences physiques, elle doit également prouver sa bravoure en évitant de pleurer devant le sacrifice d'un buffle.

leparisien.fr

 

KUMARI-PALAIS-OK   Palais Kumari 

(Photo de gauche Jacotte.centerblog.net)   Entrée du palais de la Kumari à Kathmandu avant et après le séisme de 2015               

Le Népal, ce petit pays de légende situé entre la Chine et l’Inde, est le carrefour entre la route du sel et celle de la soie. Le pays inspire naturellement la beauté. Bouddha est né au Népal, et les déesses vivantes existent uniquement dans ce pays.

 Agée entre 2 et 4 ans, la Kumari (vierge en français), est une petite fille sélectionnée pour sa beauté afin d’incarner la divinité. Elle est enlevée à sa famille dès son plus jeune âge pour assurer ce rôle.

Ces très jeunes filles ne sont déesse que pour quelques années. Elles sont parfois choisies dès l’apparition de leur première dent de lait, et demeurent Kumari jusqu’à ce qu’elles atteignent leur puberté, caractérisée par l’apparition de leurs premières menstruations. Alors, elles reviennent brutalement à la vie normale, avec souvent de lourdes séquelles psychologiques et physiques.

La Kamuri est sélectionnée jeune et doit répondre à 32 critères physiques stricts qui vont de la couleur de ses yeux au son de sa voix. Les conditions de vie de la Kumari sont particulières. Elle se doit de respecter certaines règles comme ne pas marcher sur le sol (considéré impur), ou d’être fardée d’un maquillage contraignant, ou encore de porter des habits traditionnels rouges et de lourdes parures de bijoux.

Ces jeunes filles sont vénérées. Lors de leurs rares apparitions en public, leurs réactions sont scrutées car elles seraient porteuses de messages. A titre d’exemple, si la Kumari reçoit un présent en silence, c’est signe que le vœu fait lors de l’offrande sera réalisé. En revanche, si elle pleure ou si elle rigole bruyamment cela signifie que la mort ou la maladie peuvent arriver…

La Kumari est coupée de la vie normale que tout enfant devrait avoir. Elle ne va en général pas à l’école et vit toutes ses journées dans le calme absolu des temples une fois les rites d’habillement et de maquillage réalisés.

Bien que pour les défenseurs de cette tradition cela s’apparenterait à une vie de « princesse » – rêve de toute petite fille, en réalité il s’agit d’un réel manquement aux droits de l’homme. En effet, pour les défenseurs des droits cette pratique est une atteinte à la liberté et à l’éducation.

Une fois redevenues « mortelles », ces anciennes déesses vivantes sont confrontées à de nombreuses difficultés, à commencer par le simple fait de pouvoir marcher. Portées durant de nombreuses années par des serviteurs à chaque sortie du temple, leurs muscles ne se sont parfois pas assez développés. Certaines ne supportent pas de ne plus être adulées et de redevenir « normales ». Les séquelles psychologiques sont effectivement courantes. De plus, les Kumaris finissent souvent leur vie seule car, selon la légende, les épouser provoquerait la mort l’année suivante.

Après l’abolition de la monarchie au Népal en 2008, la Cour Suprême a demandé une enquête sur les conditions de vie des Kumaris. Dans sa décision, la Cour a statué que les jeunes Kumaris devaient avoir davantage de libertés et qu’une plus grande place devait être accordée à l’éducation.

Malgré cette avancée, cette tradition reste très discutée par les défenseurs des droits de l’homme, bien qu’aux yeux de beaucoup de népalais vivant dans la pauvreté, il est préférable pour une petite fille de grandir dans la peau d’une déesse plutôt que de grandir dans la rue…

Cette pratique traditionnelle au Népal n’est qu’un exemple de traditions religieuses ou sociologiques perpétrées à l’encontre des enfants. A l’instar des mutilations génitales féminines, il est de ces coutumes qui sont difficilement remises en question du fait de leur ancrage dans les mœurs des différents peuples concernés.

Ecrit par : Pauline Martinez - Relu par : Marion Brasseur

Humanium : Fondée le 20 novembre 2008 à Genève, Journée internationale des droits de l’enfant, Humanium est également représentée par des associations en France et en Allemagne.

 

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